En 1893, à lâge de
seize ans, Guillaume fut reçu brillamment 10ème sur 180 au concours de
lEcole navale, mais il renonça dès le lendemain de ce succès à la marine,
car il voulait devenir Jésuite et missionnaire.
Il fut ordonné prêtre le 24 août 1910 à Hastings (Grande-Bretagne).
Une révélation : la
CAPPADOCE
Dès 1903, Guillaume avait
obtenu de partir pour lArménie, au collège de Tokat. Il y étudia le turc
et larménien tout en enseignant le français et les mathématiques aux jeunes
Arméniens.
Durant ce premier séjour en Asie Mineure, il dressa de la région du Pont la première
carte à grande échelle qui ait existé. Surtout, il découvrit, en compagnie dun
aîné, le père GRANSAULT, les églises rupestres, cest-à-dire taillées dans la
roche, de la région de Cappadoce (Turquie).
Cette région présente des paysages fantasmagoriques uniques au
monde auxquels sajoutent les richesses historiques : dans cette pierre tendre
sest installé tout un habitat troglodytique. La Cappadoce abrite ainsi plusieurs
centaines déglises et de chapelles creusées au Moyen-Age par des moines byzantins
qui les ont décorées, avec non moins de soin que les véritables monuments de pierre.
Les églises les plus anciennes ont été creusées au VIème siècle. La
Cappadoce est le seul musée naturel de fresques byzantines au monde.
Guillaume devait consacrer à lexploration et létude des églises rupestres
de Cappadoce plus de trente années de sa vie. Leurs fresques naïves ou savantes, où
revivaient les scènes bibliques et lhagiographie populaire, nétaient pas
inconnues des archéologues, mais Guillaume fut le premier à les inventorier et à les
replacer dans lhistoire de lart byzantin. Il découvrit, inventoria et
classifia en effet lensemble de ces églises rupestres et leurs peintures.
Sur l'histoire de l'art chrétien d'Orient, le père Guillaume
publia plusieurs brochures ainsi quun remarquable ouvrage en cinq volumes
intitulé : " Une nouvelle province de lart byzantin. Les églises
rupestres en Cappadoce ". Ce travail monumental fut unanimement loué par
les spécialistes, notamment par le byzantiniste renommé Louis BRÉHIER, et a
demblée placé le père Guillaume parmi les archéologues de renom. Il a également
attiré lattention du monde entier sur cette région de la Cappadoce.
LInstitut pontifical
oriental
En 1917, le Pape Benoît XV
que préoccupait la question de lunion des Eglises, fonda lInstitut
pontifical oriental à Rome (Italie). Dès lautomne 1917, le père Guillaume,
encore mobilisé, y fut envoyé lun des premiers, le gouvernement français ayant
accepté de ly affecter en mission spéciale.
A Rome, le père Guillaume devint vite une des personnalités les plus marquantes du monde
scientifique. Ses cours darchéologie, dhistoire, dinstitutions et
dépigraphie byzantines attiraient de nombreux élèves. Il donnait également des
conférences très appréciées à Paris, Lyon, Grenoble, Bucarest en Roumanie, Sofia en
Bulgarie, etc.
Election à lInstitut
de France
Le 3 mai 1947, le père
Guillaume eut linsigne honneur dêtre élu à lInstitut de France comme
membre libre de lAcadémie des Inscriptions et Belles Lettres.
Mais le 23 octobre 1948 à lInstitut pontifical oriental dont il était
devenu le doyen, on trouva le père Guillaume mort, victime probablement dune
embolie foudroyante.
Un éloge funèbre fut prononcé à la séance solennelle de rentrée des cinq académies
de lInstitut de France.