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AF2J / Famille Jerphanion / Themes Familiaux / Jules Romains


Louis Farigoule dit Jules Romains

Jules Romains - Quand le nom JERPHANION rentre en littérature

Souvent, le nom de JERPHANION est rapproché de celui de Jules ROMAINS. Ce rapprochement, témoin d'ailleurs d'une certaine culture littéraire, tous les JERPHANION l'ont vécu au moins une fois.Il nous a alors semblé utile de nous intéresser aux origines de ce rapprochement, tout d'abord pour évoquer l'apport littéraire indéniable du grand écrivain qu'est Jules ROMAINS et pour présenter son ouvrage majeur et magistral que sont Les hommes de bonne volonté ; mais aussi pour chercher à percer le mystère de l'utilisation du patronyme JERPHANION dans son œuvre ; enfin pour faire découvrir les coulisses de l'action familiale lorsque notre patronyme a été utilisé dans le cadre de turpitudes littéraires proprement scandaleuses !

LE CRÉATEUR DE L'UNANIMISME

Né en 1885, Jules ROMAINS passa son enfance dans les ruelles de la butte Montmartre à Paris. Après des études secondaires au Lycée CONDORCET, il fut reçu en 1906 à l'École Normale Supérieure, puis obtint l'agrégation de philosophie en 1909. Il enseigna alors et jusqu'en 1919, année où il choisit de se consacrer exclusivement à la littérature.

Dès 1903, celui qui n'était encore que Louis FARIGOULE eut l'intuition que, dans le monde moderne, les individus appartiennent à des groupes, grands corps collectifs pourvus d'une âme qui dépasse celle des individus. Cette vision du monde supposait, ou plutôt affirmait, l'existence de liens mystiques entre les êtres, ainsi qu'entre l'Homme et la Nature. C'est dans un article publié en 1905, Les sentiments unanimes et la poésie, et alors qu'il avait à peine vingt ans, que Jules ROMAINS donna une base théorique à cet unanimisme qui nourrit toute son œuvre littéraire. Il développa ensuite cette théorie dans le Manuel de déification (1910).

Il fit tout d'abord passer cette théorie dans sa poésie : La vie unanime (1908), poème où il célèbre la disparition de tout individu dans l'unanime, c'est-à-dire dans l'âme unique d'un groupe solidaire ; Odes et prières (1913) ; Chant des dix années (1928). Il la fit aussi passer dans son théâtre, caractérisé également par une verve satirique : Monsieur Le Trouhadec saisi par la débauche (1923) ; Knock ou le Triomphe de la médecine (1923), son plus grand succès théâtral, où un médecin cynique - qui sera magistralement interprété par Louis JOUVET - fait fortune en mystifiant tout un canton ; Musse ou l'École de l'hypocrisie (1930). A la fin des années 1920, Jules ROMAINS était, avec PIRANDELLO et George Bernard SHAW, l'un des trois dramaturges de son temps les plus joués dans le monde.

LES HOMMES DE BONNE VOLONTÉ

Dans l'œuvre romanesque de Jules ROMAINS, on retrouve toute la cocasserie qui fera le succès de son théâtre, en particulier avec Les Copains (1913), œuvre dans laquelle une bande d'amis tire de son sommeil une bourgade de province grâce à une série de canulars, puis Donogoo-Tonka, une comédie sur l'imposture, écrite en 1920 et adaptée à la scène en 1930. Mais son œuvre est dominée par les vingt-sept volumes du cycle Les hommes de bonne volonté, publiés de 1932 à 1946 et qui constituent l'expression accomplie de sa théorie de l'unanimisme.

Ce fut, avec une régularité inexorable à peine entamée par la guerre et l'exil dans les Amériques, la publication de deux volumes annuels qui paraissaient en principe à chaque rentrée d'octobre et provoquaient une impatience passionnée. Cette vaste entreprise romanesque déroule la fresque de la société française durant un quart de siècle, du 06 octobre 1908 au 07 octobre 1933 (le premier et le dernier tomes étant d'ailleurs consacrés au récit de ces deux journées présentées à partir de plusieurs points de vue). Cette période, des origines lointaines de la Première Guerre mondiale au triomphe d'Hitler, culmine, en 1916, dans l'héroïsme et l'horreur, avec l'épopée collective de Verdun à laquelle Jules ROMAINS consacre deux de ces volumes les plus connus : Prélude à Verdun et Verdun.

Dans cette œuvre immense, Jules ROMAINS peint, à travers le récit de destins croisés, une fresque unanimiste de la vie nationale, ayant pour but avoué de représenter la totalité de l'expérience humaine. Il y utilise la technique de la variation des points de vue et du contrepoint des intrigues, ce qui permet de donner des mêmes événements une représentation variée, kaléidoscopique. Dans ce monde imaginaire, l'un des plus réels et des plus riches de notre littérature, l'unité est assurée par la destinée des deux personnages centraux : JERPHANION (sans particule), le provincial à l'esprit matérialiste, et JALLEZ, le Parisien, plus artiste. Le drame que peint Jules ROMAINS est celui des hommes de bonne volonté désireux, en dépit des catastrophes planétaires, de défendre les traditions humanistes de la civilisation occidental

POURQUOI " JERPHANION " ?

Pour trouver l'origine de cette utilisation du patronyme JERPHANION, il faut plonger dans les origines de Jules ROMAINS. Louis FARIGOULE est né le 26 août 1885 dans le hameau de la Chapuse, sur la commune de Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire), dans la petite annexe de la ferme de ses grands-parents maternels. La famille de sa mère, Marie RICHIER, était paysanne aussi loin que l'on peut remonter. Son père, Henri FARIGOULE, était quant à lui originaire des plateaux qui s'étendent au nord du Puy. Pendant que ses deux sœurs se faisaient religieuses cloîtrées au Bon Pasteur du Puy, Henri FARIGOULE entrait au Pensionnat des Frères de la Doctrine Chrétienne, avant de rejoindre, profitant de la loi sur l'enseignement obligatoire et du recrutement accéléré qu'elle provoquait, ceux que PEGUY appela " les hussards noirs de la République " et il se fit nommer instituteur dans le quartier de Montmartre à Paris. Louis FARIGOULE, à peine âgé de 8 semaines, quitta ainsi la Haute-Loire pour venir à Paris. Mais, par la suite, il vint régulièrement passer ses vacances d'enfant, d'adolescent et même d'étudiant à l'École Normale de la rue d'Ulm, à la Chapuse.

Plus tard, vers 1908, les parents FARIGOULE prirent en location un appartement de vacances dans le bourg de Saint-Julien, place de la mairie, et le conservèrent jusque vers 1930. Jules ROMAINS s'y rendit souvent pendant ses fiançailles, puis avec sa jeune épouse Gabrielle. Sa précieuse automobile (achetée au garagiste LANDRU qui devait devenir célèbre pour des activités autrement plus criminelles que la mécanique !) fut garée pendant la guerre 14-18 dans une remise d'un hôtel de Saint-Julien. Le Velay, lieu de naissance et de vacances de Jules ROMAINS, a profondément marqué sa conscience et se retrouve dans son œuvre, soit directement, soit de manière sous-jacente.

C'est ainsi que, dans Les hommes de bonne volonté, Jules ROMAINS a donné le nom de JERPHANION à l'un des deux personnages principaux. Il avait très probablement entendu ce nom dès sa plus tendre enfance, car lié en effet à cette région qu'il affectionnait tant et connaissait si bien. Le JERPHANION des Hommes de bonne volonté est vellave et vient de Boussoulet ; il est professeur, élu député de la Haute-Loire, puis nommé ministre. Sa campagne électorale forme même le volume Journées dans la montagne. Jules ROMAINS, qui représente JERPHANION le Vellave et JALLEZ le Parisien, unit en lui-même cette double appartenance provinciale et parisienne qui l'enracine à la fois dans ces deux mondes, parfois opposés, de la culture et de la vie françaises.

LE FILS DE JERPHANION

Après s'être réfugié de 1940 à 1945 aux Etats-Unis et au Mexique, Jules ROMAINS fut élu le 4 avril 1946 à l'Académie française, mais l'optimisme foncier de l'unanimisme avait subi alors un cruel revers avec les crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, en 1964, dans " Ai-je fait ce que j'ai voulu ? ", Jules ROMAINS s'écriait-il : " Un terrible unanimisme de fait a ravagé l'histoire contemporaine. […] J'ai le droit de répudier l'unanimisme des régimes totalitaires, sans nier qu'il soit une perversion diabolique de l'unanimisme originel ". Le fils de JERPHANION, publié en 1946 et dont le héros central s'appelle Jean-Pierre JERPHANION et est le fils du JERPHANION des Hommes de bonne volonté, témoigne de ce changement. Mais ce nouvel ouvrage raconte aussi, entre autres horreurs et par le menu, la relation incestueuse du héros avec sa mère !

Emu que son nom soit mêlé à ce genre de turpitudes, Antoine de JERPHANION [1-6-3], en sa qualité d'aîné de la branche aînée des JERPHANION, envisagea de porter plainte contre l'auteur. A cet effet, il prit contact avec Maître JERPHANION (sans la particule), originaire lui aussi de la Haute-Loire et qui était avocat dans le 6ème arrondissement de Paris. Antoine, accompagné de son fils aîné, Alban [1-6-3-1], rencontra un homme charmant, au courant de l'ouvrage et d'autant plus frappé que son fils s'appelait Jean-Pierre et, comme le héros de l'ouvrage en cause, faisait des études de droit ! Il pensait ainsi être la cible directe de Jules Romains, c'est dire si la démarche d'Antoine l'intéressait !

Toutefois, Maître JERPHANION précisa qu'avant toute procédure, il souhaitait s'ouvrir de cette affaire au bâtonnier du barreau de Paris, pour avoir son avis. Quelque temps après, il téléphona à Antoine et lui rapporta très fidèlement les paroles du bâtonnier : " le livre n'a aucun succès, ne lui en donnez pas en déclenchant un procès ! ". Antoine suivit ce conseil et l'affaire en resta là !

CONCLUSION

Jules ROMAINS décéda le 14 août 1972 à Paris (13ème). Ce fut Jean d'ORMESSON qui fut élu à l'Académie française au fauteuil laissé vacant (le n° 12) et il prononça son discours de réception le 06 juin 1974.

Romancier, auteur dramatique, poète, essayiste, Jules ROMAINS laissa une œuvre monumentale. Il disait volontiers qu'il était avant tout un poète, mais ses ouvrages poétiques et ses recherches sur l'art du vers ont été quelque peu rejetés dans l'ombre par les succès du romancier ou de l'homme de théâtre.

Il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui le nom de JERPHANION est indissociable de l'œuvre de ce grand auteur. Il est cependant tout à fait regrettable que l'unique ouvrage portant ce nom respectable présente un porteur du patronyme par trop méprisable !

Guillaume de Jerphanion [1-6-3-1-2]





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